La Salade Lyonnaise
« Depuis le passage des renards cet hiver nous ne sommes plus que cinq, donc cela fait trois œufs chacune. Est-ce que tu te rends compte de l’effort nécessaire pour pondre un œuf ? » Pas vraiment, et je n’ai aucune envie d’entrer dans l’intimité anatomique d’une poule. « Et bien, ça fait mal ! C’est comme une naissance quotidienne sans péridurale ! » Je ne l’avais jamais envisagé sous cet angle-là et je regarde la petite poule avec sympathie. « En plus le coq… » Là je coupe court car ce blog est censé être tout public et je censure tout ce qui relève de la sexualité. Mais, entre nous, le coq est pire que les pigeons. Sorte de mormon de la basse-cour, d’une exigence impitoyable, il mène la vie dure au gynécée et je regrette de ne pas avoir laissé plus de place à mes poules martyres. « Une petite photo, s’il te plaît ? » Je lui tends un kleenex. Elle se mouche avec délectation. « Ou peut-être deux ? » Je promets tout. Elle tend son cou fièrement : « Tu as du monde demain ? » Effectivement. « Je vais de ce pas faire le nécessaire afin que tu puisses leur faire une salade lyonnaise. » (Salade verte, lardons, croûtons, œufs mollets,cernaux de noix.) « Et pour les lardons, » son petit œil rond brille étrangement, « tu n’as qu’à taper dans la chèvre ! »