Bons baisers de Paris (2)

Publié le par MARY DOLLINGER

Maison_du_rhone La Maison du Rhône.

Pour faire honneur à l’Union des Écrivains Rhône-Alpes, j’ai troqué jeans et boots contre jupe et talons. Une bonne idée sans doute, si nous avions pu trouver un taxi… Impossible, bien entendu, alors je titube sur les trottoirs, chancelle dans les bus, vacille à travers les caniveaux, pour arriver à la Maison du Rhône passablement défraîchie.
Mais l’ambiance est chaleureuse, les rencontres passionnantes, et le buffet arrive tout droit de Lyon dans les valises du comité. Malheureusement, nous sommes tous debout et, petit à petit, mes pieds commencent à se manifester.
Au début il y a juste quelques désaccords minimes entre les doigts de pieds, genre : « pousse-toi un tout petit peu s’il te plaît », vraiment rien d’inquiétant. Puis le « petit désaccord » devient plus aigu, moins, policé, plus féroce, et sous la pression des orteils, les deux pieds, poussent un gigantesque cri de colère. Désormais, c’est l’enfer.
Je discute paisiblement avec la femme d’un poète lorsque l’insupportable prend possession, sans ambages, de ma personne toute entière. Et il fait chaud, très chaud, quasiment tropical. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que douleur plus chaleur égalent malaise. Je plonge mon regard dans celui de cette femme charmante, essayant, désespérément, de m’amarrer à quelque chose de concret, mais dans ses beaux yeux je ne lis qu’incompréhension. Subitement, ces mêmes yeux se transforment en un seul qui brille étrangement, et lorsque j’en vois trois, je sais que l’heure est grave. De plus en plus chaud, je déboutonne ma veste, qui normalement doit rester boutonnée sagement, essaye de faire disparaître le troisième œil, et me concentre sur ma verticalité.Legs
« Vous n’êtes pas bien ? » interroge doucement mon interlocutrice.
J’entends un petit filet de voix, plombé par un très fort accent britannique dire : « Excusez-moi, j’habite la campagne, je n’ai pas mis de talons depuis six mois. »
Sur cette remarque lamentable je me précipite vers la porte, gagne l’arrêt de bus le plus proche, m’écroule sur un banc « en attendant le bus » que je ne prendrai en aucun cas, enlève mes chaussures et livrent mes pieds brûlants, ainsi que le reste de ma personne, au vent du nord.

À suivre. (Plus jubilatoire que Lovis Corinth,(que nous avons attrapé à Orsay en fin d’après midi jeudi), plus fascinant que Marie-Antoinette, plus chaleureux que Vlaminick, vendredi nous déjeunons avec...)

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M
Joëlle : j'ai décidé qu'il faut faire comme les Américaines : mettre les talons dans son sac et des baskets aux pieds.
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J
Les talons hauts, c'est beau mais ce n'est vraiment pas pour moi !!! Ils ont tendance à toujours se liguer contre moi pour me mettre à terre, si possible dans un escalier, histoire de finir ma descente sur les fesses :)
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M
gilgamesh : Pour voir le troisième oeil il faut un certain entrainement. Mais pour les talons aiguille, je pense que tu serais très séduisant !
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G
Une fois, en visite au salon de la médecine douce, j'avais emmené un trépied pliant de chasseur... (et je portais des baskets).<br /> Je n'ai jamais vu le troisième<br /> oeil... Je suis curieux de voir ça...tant pis, j'achète des chaussures à talon haut...
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M
mandor, monsieur le président : le suspense est insoutenable...<br /> <br /> carole : c'est parfois incontournable
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