L'été meurtrier

Publié le par MARY DOLLINGER

(Je vous offre des raisins car une photo de notre unique cane serait trop triste.

IMG_3809

L’été fut meurtrier et nous sommes en deuil.

« Le deuil vous va si bien, » murmure le petit bélier lorsque, toute de noire vêtue, je me penche pour lui donner son morceau de pain quotidien. Je pousse un soupir et tends l’oreille. Le coq discute sotto voce, les poules sont muettes, les moutons et les chèvres aussi, quant aux oies, il n’y en a plus, et si vous cherchez les canards, vous n’en trouverez plus qu’un : Victor Hugo. Pour ceux qui prennent ces notes en route, il faut savoir que  Victor Hugo est une cane qui s’est déjà trouvée dans cette même situation. « S’il n’en reste plus qu’un, je serai celui-là » dixit qui vous savez, d’où le surnom qui lui colle à la peau. La question qui vous brûle les lèvres a une réponse simple : Victor Hugo vole contrairement à ses compagnons malheureux.  Vous aurez tout compris : le renard est de retour, ou plus exactement n’est jamais parti. Rajoutée à cette série de meurtres dans un jardin presque Anglais, la poule préférée de tous, apprivoisée et affectueuse, s’est noyée voulant prouver aux canards, (  il en restait deux au moment de son décès tragique), qu’elle aussi savait nager. « Je lui avais bien dit, » remarqua Victor Hugo avec une certaine satisfaction en la regardant sombrer. Lorsque je lui ai reproché de n’avoir rien tenté  pour la sauver, elle a répondu d’une façon lapidaire : « À chacun son destin. »

C’est affreusement triste une mare à canard avec une seule cane. Deux mares à canards pour une seule est encore pire.

Nous avons décidé d’employer les grands moyens et avons fait appel à notre ami le bulldozer. Le berger a imaginé une sorte d’île entourée d’eau où nous installerons les futurs palmipèdes. S’ils sont intelligents, ils y resteront et le renard moura de faim. S’ils sont idiots nous en serons pour nos frais.

La chèvre, qui a un esprit pratique, a ricané en nous recommandant d’acheter les races les moins chères. Et qui volent.

Quant à Victor Hugo, elle regarde constamment derrière ses ailes et passe ses nuits sur le toit de la bergerie.

 

À suivre

Publié dans Moi

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Cathulu : le bulldozer arrive vendredi. La période des grands travaux commencent.
Répondre
C
Voici un rentrée bien tristounette !:(
Répondre