Un Manuscrit
Demain j’ai rendez-vous à Lyon avec Jacques André pour parler d’un manuscrit en devenir.
(Sorry
J’ai commencé, comme il se doit, en soumettant le manuscrit à la doyenne. Mrs Dalloway était assise sur son lit dans la petite chambre monacale qu’elle ne quitte que rarement. Elle m’a remercié d’une inclinaison élégante de la tête et je suis repartie sur la pointe des pieds. C’est vrai que cette grande dame m’impressionne, et lorsque environ un quart d’heure plus tard, un cri déchirant a fracassé le silence j’avais le sentiment d’avoir commis un crime de lèse-majesté. Elle était arrivée simplement à la page dix, une réaction aussi violente après si peu de pages n’était pas prévue. Elle m’a tendu le manuscrit d’une main tremblante mais son regard était d’acier : « Rubbish ! » a-t-elle dit simplement. Je ne traduis pas, mais ce n’est pas un compliment.
Le « Journal Désespéré » a gardé le manuscrit une matinée et me l’a rendu en disant qu’il n’y avait pas que l’écrivain qui était raté.
Seul le petit bébé, ce nouveau-né, pas forcément tendre, est allé jusqu’au bout et a conclu d’un air désabusé : « Je ne t’aurais pas cru capable d’écrire une chose pareille ! » C’est une remarque qui peut prêter à confusion. Si on veut. Mais j’ai bien peur d’avoir très bien compris.
Vivement demain.